jeudi 29 mai 2008

De la danse


jeudi 15 mai 2008

Du Jazz à Saint-Louis

Est-ce que c'est vraiment possible de faire un blog sur le Sénégal entre Saint-Louis et Ndioum sans parler du Festival de Jazz ??
C'est à ce moment là que je me rends compte qu'on est vraiment nuls parce qu'on a fait aucune photos du Festival le week-end dernier. Bref, j'aurais pu écrire un article surper long sur l'origine du Festival de jazz à Saint-Louis, pourquoi pas même sur l'origine du jazz... mais j'ai bien peur que les commentaires genre "votre blog est vraiment chouette..." cessent immédiatement.

Donc, pour dire quelques mots sur le Festival... une ambiance particulière a envahit les rues saint-louisiennes pendant ces quelques jours de jazz. Les rues se sont remplies, de touristes, mais surtout d'étrangers qui travaillent à Dakar ou autres. Bref, une ambiance festive dans les rues, dans les bars où des concerts gratuits étaient programmés.

Côté In, on aura eu l'occasion de voir les concerts du vendredi et du samedi. Des groupes vraiment pas mal, comme Bossazina, du jazz un peu latino. On aura pas eu le courage d'attendre 2h du mat' pour voir Malouma la mauritanienne. Et le jeudi, j'ai pu revoir le groupe traditionnel du Théâtre Sorano... assez marrant de revoir des musiciens et des chanteuses que j'avais rencontré 2 ans auparavant à Dakar.

Voila, je m'arrête là pour le récit Festival de Jazz et je vous invite à suivre le lien vers le blog du Festival Duo Solo - Festival de danse contemporaine qui aura lieu du 26 au 30 mai...

jeudi 8 mai 2008

Week-end sur Mbour

quelques photos en vrac après tout ce texte...

Le cimetière de Fadiouth




A Fadiouth, sur l'île aux coquillages

Un bolong du Saloum où on s'est posé pour faire griller le poisson



Pirogues à Ndangane

Journée sur diéri

Mise à part ce paragraphe d’actualité, j’en termine avec la phase des enquêtes sur l’histoire de l’agriculture dans la région. Il me reste à synthétiser la chose, croiser avec de la bibliographie, bref du boulot de bureau après le terrain. Je peux vous raconter ma journée d’hier si ça vous intéresse tiens ! Le tout dans un style narrato-réalisto-descriptif.

Après avoir ramassé mon installation matelas-moustiquaire sur la terrasse de la maison voisine et avalé une demi-baguette beurre confiture et une tasse de nescafé ivoirien, je chevauche la japonaise pour aller au PADER.

Salutations de rigueur en franco-pulaar-wolofisé. Je me pose quelques minutes au bureau afin de terminer de mettre au propre les enquêtes que j’ai faite la veille et je prépare ensuite l’essentiel pour aller en brousse : la glacière que je fixe à l’arrière de la moto. Entre temps, j’ai déjà bu les désormais traditionnels deux premiers thés de la journée.

Avec mon interprète, Mody Beye, nous partons donc direction le plateau sableux au sud de Ndioum. C’est la première fois que l’on va dans cette zone en moto et avec le sable c’est un peu galère, d’ailleurs on s’est même cassé la gueule mais rien de grave à 10 km/h. On dépasse un premier village mais nous décidons de filer plus loin tant que la chaleur n’est pas trop forte. Quelques kilomètres sableux plus loin, il se dessine une mosquée en ciment. Au fur et à mesure que nous approchons, je me rends compte que cette mosquée est finalement construite à l’intérieur d’une concession. Toutes les habitations de cette même concession sont en ciment, ce qui est rare dans cette zone. Généralement, les familles qui ont une habitation en béton ont un parent émigré en ville ou à l’étranger. Nous nous sommes donc arrêtés discuter avec le vieux de cette concession, un certain Dia, qui a bien confirmer ce que je pensais. Plusieurs de ces fils sont commerçants ou dans l’immobilier à Dakar ou travaillent aux Etats-Unis. Un de ses fils a fait construire ce qui doit être le plus haut immeuble de Ndioum. Le vieux me taquinait pour que je lui donne de l’argent après l’enquête, c’est étrange car c’est la première fois que l’on me demande ça et c’est la première fois que je vois un paysan aussi riche depuis que j’ai commencé les enquêtes… il nous a même sorti sa liasse de billets de 10 000 F CFA de sa poche. Mody Beye m’a ensuite appris que c’était la personne qui possédait un des plus grands troupeaux de bovins de la zone (de l’ordre de 500-600 têtes ?).
Les concessions aux alentours n’étaient pas aussi cimentées que celle de Dia, on s’est dirigé vers l’une d’elles. Trois hommes discutaient dans une case quand nous sommes arrivés et nous avons appris qu’une des jeunes filles était décédée il y a quelques jours à cause du tétanos qu’elle a attrapé avec des épines d’acacia. Les femmes peules se font parfois des tatouages autour de la bouche et sur les gencives à l’aide de ces épines et de poudre de graines brûlés de beref (sorte de melon). La jeune fille a attendu trop longtemps avant d’aller se faire soigner à l’hôpital et elle n’a pu guérir. Elle avait 19 ans, ça fait un peu bizarre tout de même.
On a donc pu s’entretenir avec ces éleveurs Peuls avant de prendre le repas : riz indien et viande. Après le repas, chacun a fait ses ablutions, Mody Beye et les trois hommes ont fait une prière commune dans la case et moi j’étais là dans mon coin, j’assistais à cette scène qui bien qu’ayant un côté assez commun m’a provoqué un sentiment étrange. J’ai un respect certain pour les religions mais j’ai l’impression que certaines personnes l’utilisent bien comme elles veulent (certains marabouts notamment qui mettent des gosses à mendier dans la rue ou bien exploitent des jeunes croyants dans les champs d’arachide…au nom de la religion). Le chef de famille nous a ensuite exposé les médicaments qu’il avait du acheter pour soigner sa fille et qu’il allait chercher à revendre. On a bien passé trente minutes à voir combien il pouvait revendre ses médicaments tout en buvant du thé. On a ensuite repris la route vers le village que l’on avait dépassé sans s’arrêter le matin, Bida. De nouveau, une enquête. Là aussi une habitation en ciment, un des fils travaille à Thiès une partie de l’année.
Retour sur Ndioum vers 18h. Lavage à l’eau chaude même quand tu veux de l’eau froide… Un peu la flême de mettre au propre les enquêtes ce soir, je les ferais demain matin, j’ai fais un peu de uke et puis je suis parti manger chez Dieynaba. Quand j’arrive, les enfants sont tous en train de lire leurs leçons à la lumière du néon. Ce soir, la télé n’est pas allumée. Tiens, c’est la première fois depuis que je viens manger ici. Lavage de main au cotol, le produit que tu utilises pour laver tes toilettes… Au menu, riz je ne sais pas trop à quoi mais c’était bon. Issa, un élève qui loge chez Dieynaba entame une tournée de thé, je prends le premier et je repars dormir dans mon quartier de Chicago (si si c’est le nom du quartier).

Crise alimentaire?

On dit souvent ici que le président sénégalais, Abdoulaye Wade, élu en 2000 et réélu en 2007, est le grand frère de notre cher président Sarkozy. Ce sont tous les deux des libéraux, ils sont tous les deux mariés à une femme étrangère (Sarko à une italienne, Wade à une française d’où sa double nationalité qu’il n’a pas dû avoir trop de mal à obtenir lui…), et ils ont tous les deux cette maladie de l’effet d’annonce au quotidien qu’il rétorque deux jours après (quoique notre président se soit peut-être un peu calmé sur ça)… La différence majeure serait leur âge, Sarkozy incarnant cette soi disante nouvelle génération d’hommes politiques alors que Wade est plutôt sur sa fin après avoir été de tous les combats politiques depuis Senghor. Ceci pour en revenir sur les nombreux effets d’annonce de Wade en ce moment concernant la « crise alimentaire mondiale ». Le dernier plan du président sénégalais est le GOANA, la Grande Offensive pour l’Agriculture et la Nourriture et l’Abondance... des mots selon certains sénégalais. En tout cas, on a bien l’impression qu’il faut que les prix des céréales soit élevé et que l’on sente que ça peut chauffer dans les villes (et donc pour les élections à venir…) pour que l’on se rende compte qu’il est essentiel pour un pays d’assurer son autosuffisance alimentaire. Le Sénégal est un cas assez particulier en Afrique de l’Ouest car très dépendant des importations de riz. Cette céréale a été introduite massivement dans le régime alimentaire des sénégalais lors de la colonisation. Afin d’augmenter les surfaces cultivées en arachide, (et en réduisant ainsi les surfaces de mil), les colons français ont importer des brisures de riz (les « déchets » du traitement du riz, ce que ne mangent pas les occidentaux) afin de nourrir la force de travail dans le bassin arachidier. Les revenus monétaires obtenus par la vente de l’arachide permettaient alors aux paysans d’acheter des brisures. Quand on me dit que le « thieboudien » est le plat national au Sénégal, c’est surtout le plat du colon français. Bref, la consommation de riz a beaucoup augmenté au Sénégal pour atteindre aujourd’hui environ 75 kg par personne et par an (en moyenne 200 grammes par jour). Ainsi la consommation du Sénégal s’élève à 1 000 000 de tonnes par an et le pays ne produit que 20% de cette quantité. La principale zone de production du riz est le bassin du fleuve Sénégal où des aménagements d’irrigation ont été réalisée à partir des années 70. Le contexte mondiale actuel des prix élevés est donc particulièrement handicapant pour le Sénégal notamment pour les consommateurs urbains. Les populations rurales peuvent vivre une partie de l’année avec leurs récoltes et il existe tout de même certains réseaux de solidarité en milieu rural qui limitent le risque de famine. Lors de discussions avec les paysans sur les « émeutes de la faim » et les possibles pénuries de riz au Sénégal pendant la période de soudure (juillet, août, septembre), les paysans ne semblent pas inquiets pourtant certains ne consomment déjà plus le riz qu’ils ont produit et sont donc dépendants du prix du riz sur le marché. Concernant les stocks en riz au Sénégal, les informations sont variables : Wade annonce quatre mois de stock alors que certains spécialistes annoncent deux mois ce qui n’est pas la même chose tout de même (160 000 T de différence) sachant que certains pays asiatiques (principales fournisseurs du Sénégal) stoppent leurs exportations de riz.
Même si la famine ne semble pas inquiéter les gens, je me demande si la pénurie ne pourrait pas surprendre les gens qui n’ont pas de stock. Il est bien possible aussi que ça continue de chauffer dans les villes si les prix du riz augmentent encore. Mais bon ici à Ndioum (10 000 habitants), il est difficile de s’en rendre compte et les informations que j’ai sont surtout celles des médias sénégalais et français sur le climat sociale en ville.