mercredi 23 avril 2008

Monique, Luc, Marie-Christine, Patrice, Claire, Benoit et Anne au Sénégal...

Gorée

Pendant ces derniers jours on a eu la chance d'accueillir les Girard et les Gablin. C'est les valises chargées de bonbons, de galettes nantaises, de canards enchainés et de courrier international que nos hôtes ont débarqués à Saint-Louis puis à Ndioum.

Tour à tour, ils auront découvert la fraicheur Saint-Louisienne et la canicule de Ndioum.

C'est sans doute un peu difficile de résumer leur séjour en un article, surtout que l'on a pas pu les suivre dans toutes leurs aventures, mais pour vous faire partager leur voyage voici quelques photos...




la folie du baron Roger à Richard-Toll


passage du bac sur la route pour Ndioum

pause attaya chez Pierre



la vieille usine de Makhana



En tout cas... c'était vraiment sympa de vous accueillir pendant quelques jours !

mardi 15 avril 2008

Des télescopes sur la langue de barbarie

Quelques minutes de répit en plein Saint-Louis sous les étoiles pour mettre en ligne quelques photos...

Exposition photos sur le Pic du Midi à la place Faidherbe (un dimanche...)

Le temps d'une pause ceebu djen (riz au poisson) derrière l'Institut



Depuis la semaine dernière le rythme, déjà pas mal rapide, s'est accéléré : conférences, expositions, ateliers pédagogiques et surtout observation au télescope.


Observation du soleil dans la cour de l'Institut



Bref, pas mal de boulot mais en récompense pas mal de moments que je garderais en mémoire pendant longtemps, comme la soirée d'hier à Guet Ndar (le quartier des pêcheurs). J'avoue que les échanges se faisant en wolof, je n'ai pas tout compris. Mais voir les enfants patienter pendant près de 2 heures pour pouvoir mettre l'oeil dans le télescope pour voir la lune, ça donne le sentiment qu'on a pas fait tout ce travail pour rien.

Guet Ndar

écran géant sur lequel on retransmet les images que l'on voit dans le télescope

La forêt d'antennes et les enfants qui patientent pendant l'installation

mercredi 9 avril 2008

Wuli Wuli sur Ndioum

Voilà maintenant presque deux semaines que je suis arrivé à Ndioum, la ville où je passe les cinq mois à venir pour faire le diagnostic agraire.


Le premier mot qui me vient comme ça, c’est wuli (chaleur en langue pulaar). L’après-midi, la température avoisine les 40-45° C à l’ombre, il suffit qu’un petit vent chaud qui plus est chargé de sable se mette à souffler et là ça te réchauffe un sacré coup mon vieux ! En moto, tu sens tout à coup une bouffée d’air chaud qui te fait frissonner. Le truc, c’est que la température baisse peu la nuit, il doit faire aux alentours de 30° C, heureusement un petit vent frais souffle régulièrement et rafraîchi un peu au milieu de la nuit. Du coup, dans la journée, il fait relativement frais dans les maisons mais la nuit il y fait très chaud. J’ai testé pas mal d’endroits pour dormir :
- la chambre sans mettre la clim : pas mal pour perdre du poids, tu transpires comme un bœuf.
- la chambre avec la clim : la seule fois où j’ai essayé il y a eu une coupure de courant pendant la nuit, je me suis réveillé en sueur et j’ai finalement terminé la nuit dehors. De plus, la clim consomme à donf de l’énergie… donc à éviter ! Un des seuls moments où je l’utilise est pour rafraîchir mon ordinateur quand il commence à me chauffer le bout des doigts…
- le salon avec le ventilo du plafond et le hall d’entrée: tu sens le chacal au réveil
- la terrasse dehors : je crois que c’est la solution optimale, d’ailleurs la majorité des gens ici dorment dehors. En plus, il y a le ciel étoilé direct, même pas besoin d’installer d'étoiles en plastique au-dessus du lit.

Je loge donc avec le chef du projet du PADER de Ndioum, Djibril, dans une maison qui a été louée par le projet. Bâtiment relativement luxueux à quelques pas de la mosquée.

vue de la terrasse de la maison

Pour les repas, au début c’était un peu galère. A Ndioum, peu de restaurants mis à part à l’hôtel qui est à l’autre bout de la ville. Les quelques gargotes où il est possible de manger du riz et qui longent le goudron fonctionnent le midi mais pas le soir. Quelques tanganas proposent des omelettes avec du nescafé mais ça passe moyen à la longue je pense. Par contre, question bidoche, les dibiteries font griller de la viande à la mouche à toute heure du jour et de la nuit, elle n’est pas mauvaise d’ailleurs. Amateur de kebab, je ne peux me passer de protéines carnées, du coup, je prends tous mes repas à la dibiterie : matin, midi et soir. Je les ai toutes testés en une semaine et je compte bien écrire un guide…Trêve de calembours, je mange le midi et le soir dans une famille dans la femme travaille au PADER, Dieynaba Sall : riz le midi et couscous, pâtes… le soir. Ça ne fait qu’une semaine que j’y vais donc pour le moment je n’ai pas encore découvert toute la gastronomie du Fuuta. C’est une famille assez grande, Dieynaba et Baba, son mari, ont sept enfants, de 2 à 24 ans. Il faut ensuite ajouter les quelques élèves qui vivent dans la maison pour aller à l’école. Du coup, l’ambiance est assez animée.

Côté boulot, j’ai commencé à parcourir la zone la semaine dernière à bord de ma nouvelle monture, japonaise cette fois-ci…

Le but de l’opération est de délimiter une zone d’étude restreinte et d’y établir un zonage à partir de l’analyse du paysage. C’est assez plaisant de prendre l’engin le matin et d’aller se « balader » dans la région. Quelques petites pauses pour faire des croquis du paysage, prendre des échantillons de sol et de plantes, essayer de poser quelques questions aux personnes qui passent et c’est reparti. Par contre, la moto, c’est pas trop discret quand je passe dans les villages mais bon c’est quand même un peu plus rapide que l’âne (j’y avais pensé pourtant) et puis le vélo dans le sable et avec la chaleur c’est un peu galère aussi.
Voilà donc où j’en suis, pour le moment, j’ai identifié deux grands ensembles géomorphologiques qui sont la vallée du fleuve Sénégal appelé « walo » en langue pulaar et le plateau sableux, le diéri.

Le Doué, bras du Sénégal à Gamadji Saré

Cuvettes de culture de décrûe (hollaladé)

Aménagements irrigation


Depuis les années 70 et 80, de nombreux aménagements ont été réalisés dans la vallée du fleuve, notamment la construction de deux barrages et la mise en place de station de pompage et de casiers irrigués. Le but de ces aménagements, en plus de produire de l’électricité était de développer l’agriculture irriguée (pour produire du riz, des oignons et des tomates essentiellement), agriculture jugée moderne par le gouvernement sénégalais et la majorité des bailleurs de fonds au détriment de l’agriculture de décrûe (cultures qui se font sur les terres qui ont été inondés par la crue du fleuve et qui sont donc gorgées d’eau), agriculture dite « traditionnelle » voire archaïque et de l’agriculture sous pluie. Toute une série de cuvettes ont donc été aménagées pour pouvoir être irriguées et les paysans ont été encadrés et formés à l’agriculture irriguée par une société d’Etat, la SAED. Ce passage magique de l’agriculture soit disante traditionnelle à l’agriculture soit disante moderne ainsi que le comportement dirigiste de l’Etat envers les paysans me laissent un peu perplexe pour le moment et je suis pressé de voir comment cela s’est déroulé dans le temps et comment cela fonctionne-t-il actuellement à partir des enquêtes que je dois faire chez les paysans de la zone. L’opposition des mots « moderne » et « traditionnel », entretient souvent des préjugées dans la tête des gens et ça fait toujours un peu simpliste comme vision des choses.