mardi 30 juin 2009

Du cinéma dans la prison

Le Festival dédié à la question des droits humains et de la liberté d’expression a débuté aujourd’hui à la MACO. Ce sigle qui fait penser au nom d’un musée d’art contemporain désigne en fait la maison d’arrêt de Ouaga.



A 15 heures quelques détenus jouent au football dans la cour, enfin je crois que ce sont des détenus. Moi qui m’attendait à un passage compliqué, l’entrée dans ce lieu c’est faite de manière très simple finalement, assez étonnant même… Au milieu de la cour, un petit château d’eau. Au fond, un bâtiment qui semble minuscule où s’aligne les fenêtres grillagées. 15 à 16 détenus par cellule de 9m2. Au fond de la cour, sur la gauche, l’équipe d’organisation installe la toile blanche qui servira d’écran sur la structure métallique. Dans le foyer ou sera projeté le film, les hommes déjà installés, attendent. Au plafond les décorations de noël se balancent au rythme du ventilateur. Impression étrange… si l’on déplaçait ce même public dans un endroit tout autre, qui saurait que ces hommes sont les détenus de la MACO ? On pourrait tout aussi bien se trouver dans n’importe quelle salle des fêtes de n’importe quel pays. Puis les femmes arrivent, moins nombreuses, certaines semblent avoir 15 ans à peine, l’une d’elle porte un enfant dans son dos. Enfin ce sont les mineures qui arrivent, de jeunes ados qui sont là pour vol d’argent, de portable ou autre délit. Chacun des deux groupes s’installent dans « la salle de l’amitié ». Après une brève introduction, le film commence, un film burkinabé qui retrace l’histoire d’une femme nommée directrice générale d’une société. Comment une femme qui se retrouve à un poste à responsabilité doit faire face à la corruption, doit faire face à l’hypocrisie, doit faire face à son mari… Bref un sujet bien ancré dans le contexte actuel, quoique peu réaliste par moment et qui ne m’a pas vraiment transcendée… mais bon… Bientôt 18h, pas le temps de projeter le second film qui devait pourtant être très intéressant, un documentaire sur un groupe de prisonniers en Afrique du Sud qui a monté un orchestre au sein même de la prison. 27 mn, c’est le temps du documentaire de remplacement, histoire de luttes au Burkina, lutte des employés de l’usine textile de Koudougou qui a fermé ses portes quelques années après avoir été privatisée, lutte des étudiants de l’université de Ouaga face à l’augmentation des droits de scolarité et au projet d’une Police Spéciale des Universités.
18h, c'est l'heure de ramasser, les prisonniers doivent regagner leurs quartiers… Une expérience étrange, étonnante et pleine d’enrichissement… Un Festival qui commence bien.

dimanche 21 juin 2009

Burkina star ac' chez les nasara de Wemtenga

Les éliminatoires ont commencé au début du mois de juin. En ce 21 juin, retrouvez les meilleurs moments!

Après la pluie

samedi 20 juin 2009

fotos en vrac



Quelques photos du week-end dernier à Dédougou où on a aussi été chauffer la piste du "Robinet", LE dancing club de la ville !













Sur les bords du Mouhoun




Sortie sur le terrain entre Dédougou et Bobo


Mes premiers champs de coton OGM Bt distribué par Monsanto (qui permet de théoriquement de limiter les traitements insecticides), génial non?


Sortie terrain (passage du multiculteur pour casser les buttes avant labour), Tansila, à quelques kilomètres de la frontière du Mali

Bureau de Pierre à Dédougou

vendredi 19 juin 2009

Ouagadougou en vert jaune rouge !!!

Et non pas un hommage à Bob Marley, mais un Côte d'Ivoire VS Burkina Faso, ça va chauffer au stade du 4 août samedi après-midi !!!

Autant vous dire que toute blague du genre "moi de toute façon je suis pour la Côte d'Ivoire" est très mal venue...

dimanche 7 juin 2009

Sortie à Laongo

en ce dimanche d'élections européennes et de fête des mères... on a surtout pris des coups de soleil!
Laongo : A 30 Km de Ouaga en direction de Fada, on peut voir des sculptures sur granit de Laongo. Ces oeuvres ont été réalisées par des artistes du monde entier. Un rendez-vous de sculpteurs de tous les continents a d'ailleurs lieu tous les deux ans à Laongo (source Ouaga ça bouge).


Dédougou II

Voici quelques photos de mon installation à Dédougou



L'officialisation du contrat de location de la maison : une bonne poignée de main vaut mieux qu'un bout de papier, c'est bien connu !

3 chambres, 1 salon, 1 douche sans eau courante pour le moment... J'attends un thésard brésilien qui devrait arriver en juillet avec qui je serai en colloque.

Il fait encore trop chaud à l'intérieur pour dormir sans ventilo. Les pluies tardent un peu à venir cette année.

Pas d'arbres dans la cour mais une belle antenne parabolique


Mon vélo chinois pour mes déplacements à Dédougou

Cette fois-ci, c'est une véritable japonaise pour mes déplacements en brousse, et ouais, high quality, faut dire que ça coûte environ 3 fois mon salaire...

22 mai 2009


mercredi 3 juin 2009

Mais pourquoi vous n’arrosez pas la pelouse ?

Ou la difficulté de se confronter à certains paradoxes…

La nuit est déjà bien tombée, 21h, le néon de la cour voisine brille encore. On entend quelques mobylettes qui passent dans le grand six mètres, les joueurs de pétanques ont remballé.
Entre la mini quincaillerie et la boutique, la maison des deux nassaras est bien calme. Madame est rentrée de son travail, la yamaha dame fait le guet sur la terrasse, attendant de passer une nuit douce dans le salon. Monsieur a voyagé, il est à Dédougou.
Alors alors… communiquer sur un cycle les plus grands films du cinéma polonais des années 30… auprès d’un auditoire très majoritairement analphabète… Mais bien sûr, un spot radio, la radio, le média de l’oral : Nostalgie, Pulsar, Horizon… bientôt sur ces ondes on annoncera un nouveau cycle cinéma, entre un nouveau tub de coupé-décalé et un succès oublié de Garou, on pourra entendre la chargée de comm inviter tous les auditeurs à ce grand évènement.
Quelques doutes tout de même sur le fait que les amateurs de cinéma polonais soient auditeurs réguliers de Nostalgie, Pulsar, Horizon… peu importe, dès le premier du mois ils taperont avec avidité sur leur clavier à la recherche du nouveau programme téléchargeable en version PDF… c’est tout de même bien pratique.
Problème mathématique : dans un pays qui compte environ 15 million d’habitants, où le taux d'alphabétisation est de 30%, quelle est la chance de rencontrer un fanatique du cinéma polonais des années 30 ?
Alors alors… communiquer auprès d’un public, quel public, mais communiquer à propos de quoi, dans quel but, quel objectif ? Bon pas le temps de réfléchir à tout ça, le cycle commence dans quelques jours.
La Yamaha dame file le long de la grande avenue où s’étalent les ministères : ministère de l’alphabétisation et de l’éducation de base, ministère de la culture, du tourisme et de la communication, ministère…. La mappe monde géante marque le centre de la valse des mobylettes, puis se dresse un grand panneau de bois : une photo où l’on reconnaît Salif Keita… bientôt… le 20 juin… et un numéro de téléphone portable en bas à droite… où ? combien ? pourquoi ? plus tard une réponse à toutes ces questions : 15 000 FCFA. Walai ! la moitié d’un SMIC local !!! Les fanatiques du cinéma polonais fêteront sans doute la musique avec une grande star de la musique malienne.



La grande avenue qui court vers la Nouvelle Présidence de Ouaga 2000 rayonne de jour comme de nuit. Dès la tombée du jour les lampadaires déchargent leur faisceau lumineux protégeant Blaise d’une rébellion éventuelle. Ce matin les feux qui encadrent la grand mappe monde ne disaient plus ni vert, ni rouge, ni orange, laissant chaque conducteur interpréter la circulation comme bon lui semble, c’était pareil hier après-midi… mais cette année il fait vraiment chaud, les climatiseurs des PDG des grandes ONG mondiales tournent à bloc, les bureaux des ministres sont plus froid qu’un frigo qui fonctionne.



Dans la cour des deux nassaras un parterre de gazon entoure le manguier… c’est tout de même jolie du gazon, et puis c’est frais, ça rappelle l’Irlande. Mais pourquoi vous n’arroser pas la pelouse ? Le gazon a grise mine, Osias Léonce, Khady, Sylvie, Ape, Steeven et Ulrich ont escaladé le manguier jour après jour jusqu’à décrocher la toute dernière mangue, et partie de foot, d’élastique, le gazon semble avoir abdiqué.
Dans le six mètres, une fille passe poussant une grande barrique remplie d’eau sur une charrette. Dans le jardin des nassaras, le robinet ne demande qu’à laisser son eau se déverser sur le gazon… Et puis mince, la saison des pluies c’est pour presque maintenant non ? Alors le gazon attendra bien quelques jours avant de reverdir.

Et si on décidait de donner quelques heures de congés aux 10 000 lampadaires qui court dans l’Avenue de la Nouvelle Présidence de Ouaga 2000, de couper pour un instant les climatiseurs des PDG des ONG, alors on installerait un écran immense sur la mappe monde géante, on déplierait les nattes, et pour une nuit entière on verrait défiler Ousmane Sembène, Djibril Diop Mambéty, Gaston Kaboré, Abderahmane Sissako et on entendrait parler bambara, wolof, peul...